II. Les investissements mondiaux

    Le Qatar Investment Authority (QIA) est le fond d'investissement souverain de l’émirat du Qatar, présidé par l'émir Tamin bin Hamad al-Thani. Fondé en 2005, il détiendrait selon Hussein al-Abdallah (membre du conseil d'administration du Qatar Investment Authority) « beaucoup plus » que 100 milliards USD d'actifs. Le Qatar est un pays riche, ce qui a permis d'investir à l'étranger, et dans des domaines très variés : les medias, l'immobilier, les entreprises, le sport.

 Le Qatar a acheté plusieurs immeubles parisiens:  l'Hotel Lambert , l'Hotel Kinski, l'Hotel Lnadolfo-Carcano, l'Hotel d'Evreux, le Majestic, l'Hotel Gray d'Albion, l'Hotel de Coislin, les immeubles du Virgin Megastore (le 5 juin 2012), de HSBC et du Lido (décembre 2012) sur les Champs Elysées, le Royal Monceau et le Peninsula. Mais le Qatar ne s'investit pas seulement avec la France. Le Qatar Investment Autority contrôle un peu plus de 6% du capital d'EADS (groupe industriel européen présent dans le secteur aéronautique et spatial civil et militaire), 10,1% des actions du London Stock Exchange et 17% de Volkswagen.  Il participe au sauvetage de deux banques grecques et au rachat des studios de cinéma Miramax, mis en vente par Disney aux Etats-Unis, il acquiert des quartiers entiers de Londres, et lance un fonds de 1 milliard de dollars en Indonésie.

Depuis trois ans, ce pays est devenu le premier investisseur du monde, par le biais de son fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) et de la Qatar National Bank. Chaque année, il dépense de 20 à 30 milliards de dollars sous tous les angles.

 

    Le QIA (Qatar Investment Authority) investit dans de très nombreux autres domaines (rachat du Royal Monceau, investissement dans Total et Veolia, investissement dans les banlieues en France, etc.) mais l’image du Qatar reste définie par le sport. Paradoxal pour un Etat qui ne dispose d’aucun sportif de haut-niveau en dehors de quelques-uns qui ont été naturalisés…

   En effet, depuis quelques années, le Qatar est devenu omniprésent sur la scène sportive internationale. Le Fonds Souverain QIA, par l'intermediaire de sa branche dediée au sport QSI (Qatar Sports Investments) a développé une strategie d'influence par le sport qui repose sur quatre volets:

    - Le premier volet est l'organisation de grands évènements internationaux. Après avoir organisé la coupe d'Asie de Football en 2011, acheté 100% du capital du Paris Handball le 4 juin 2012, puis obtenu le Mondial de Handball en 2015, le Qatar a frappé un grand coup en obtenant l'organisation de la coupe du monde de Football en 2022, l'evènement le plus médiatique du monde. Le pays s'est également positionné pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020 et les Mondiaux d'Athlétisme en 2017. A cela s'ajoutent un certains nombres d'évènements récurrents comme le premier tournoi de tennis de la saison, le grand prix de moto GP (à Losail) et un tour cycliste qui gagnent chaque année en notoriété ( notamment grâce aux très généreuses dotations offertes par l'émirat). Le Qatar cherche également à se positionner sur la Formule 1. 

    - Le deuxieme volet est le rachat de clubs de football en Europe. L'an dernier, la Qatar a racheté le Paris Saint Germain (PSG) au groupe américain colony capital et est devenu l'heureux possésseur du Carlton de Cannes et le premier actionnaire du groupe Lagardère à hauteur de 12,83%. Le Qatar Foundation est également le premier sponsor maillot payant  de l'histoire du FC Barcelona.

    - Le troisième volet est le déploiement de la chaîne Al-Jazeera qui a acheté en France une grande partie des droits TV pour la Ligue 1 et pour la Ligue des Champions et lancera deux chaines de sport aux Etats-Unis en août 2012.

    - Enfin, le quatrième volet. Le Qatar a massivement investi dans la création d’infrastructures de pointe dans son pays afin d’y développer un pôle d’excellence dans la formation (Aspire) et la médecine sportive (Aspetar).

 

    Les liens entre Doha et Paris sont étroits. Un accord de sécurité et de défense les lient depuis 1994, une convention fiscale, réaménagée en 2008, facilite les investissements de l'émirat en France, et les entreprises françaises se taillent une place de choix au Qatar.